L’histoire du rubis est indissociable de celle de l’humanité. De ses origines lointaines dans les mines du Sri Lanka à son statut de pierre précieuse, le rubis a traversé les siècles en conservant son aura de mystère et de prestige. Sa rareté, sa beauté et les légendes qui l’entourent continuent de fasciner les amateurs de joaillerie et les collectionneurs du monde entier.
Les origines du rubis
L’histoire du rubis remonte à l’Antiquité, avec son extraction débutant au VIIIe siècle av. J.-C. au Sri Lanka, alors connu sous le nom de Ceylan, réputé pour ses gisements de pierres précieuses, qui devint rapidement le berceau de l’exploitation du rubis.
D’autres gisements sont découverts en Asie, notamment en Inde et en Birmanie. Ces nouvelles sources alimentent le commerce des pierres précieuses le long des routes commerciales reliant l’Orient à l’Occident. Les rubis birmans, en particulier, acquièrent une réputation d’excellence qui perdure jusqu’à nos jours.
La vallée de Mogok : le joyau du Myanmar
Le site d’extraction de la vallée de Mogok au Myanmar devient rapidement la source des rubis les plus prisés au monde : les « rubis sang de pigeon », d’un rouge profond et velouté.
L’exploitation de Mogok atteint son apogée au XIXe siècle, lorsque la Birmanie passe sous contrôle britannique. Les colons européens modernisent les techniques d’extraction, augmentant considérablement la production. Malgré l’épuisement progressif des gisements, Mogok reste aujourd’hui synonyme d’excellence dans le monde du rubis.
Le rubis dans les civilisations anciennes
Dès l’Antiquité, les Hindous considèrent le rubis comme le « roi des pierres précieuses », lui attribuant des pouvoirs mystiques. Dans l’ancienne Grèce et à Rome, le rubis est associé à Mars, le dieu de la guerre, symbole de force et de courage.
En Chine impériale, le rubis est réservé à l’empereur et aux hauts dignitaires. Il orne les couronnes et les joyaux de la cour, symbole de pouvoir et de prospérité. Les marchands arabes, quant à eux, diffusent ces gemmes précieuses le long des routes commerciales, contribuant à leur renommée croissante en Occident.
Au Moyen Âge, le rubis est entouré de nombreuses légendes et croyances. On lui attribue des vertus protectrices contre la peste, le poison et les mauvais sorts. Les lapidaires médiévaux, traités sur les pierres précieuses, décrivent le rubis comme capable de préserver la santé et d’apporter la sagesse à son porteur.
Il est intéressant de noter que jusqu’au XVIIIe siècle, le terme « rubis » englobe souvent d’autres pierres rouges, comme le spinelle ou le grenat. Cette confusion terminologique explique pourquoi certains « rubis » historiques célèbres se sont révélés être d’autres gemmes lors d’analyses modernes.
Évolution du rubis à travers les siècles
L’histoire riche et complexe du rubis reflète les changements culturels, religieux et sociaux qui ont marqué l’humanité.
Le rubis dans l’Antiquité
Dans l’Antiquité, le rubis était déjà considéré comme une gemme exceptionnelle. Les civilisations anciennes lui attribuaient des pouvoirs mystiques et curatifs. En Inde, la pierre était vénérée sous le nom de « Ratnaraj », signifiant « roi des pierres précieuses » en sanskrit. Les textes védiques mentionnent le rubis comme symbole de pouvoir et de protection divine.
Les Grecs et les Romains appréciaient également le rubis pour sa beauté et ses vertus supposées. Pline l’Ancien, dans son « Histoire naturelle », décrivait le rubis comme une pierre capable de résister au feu et même de faire bouillir l’eau. Cette croyance a perduré pendant des siècles, renforçant l’aura mystique du rubis.
Le Moyen Âge : symbole chrétien et royal
Au Moyen Âge, le rubis a acquis une signification particulière dans la chrétienté. Les rois chrétiens l’utilisaient comme symbole du sang du Christ, l’incorporant dans leurs couronnes et leurs regalia. Cette pratique reflétait la croyance en la nature divine du pouvoir royal et en la protection divine accordée aux monarques.
La gemme était déjà présente dans les bijoux royaux européens. La couronne de Charlemagne, datant du IXe siècle, comportait un important rubis central, et celle de Saint-Édouard, utilisée lors du couronnement des monarques britanniques, porte également un grand rubis cabochon, connu sous le nom de « Rubis du Prince Noir ».
Vertus protectrices et légendes
Les légendes médiévales attribuaient au rubis des pouvoirs protecteurs extraordinaires. On croyait que porter un rubis garantissait la santé, la richesse et le succès en amour. Certains récits affirmaient même que le rubis pouvait changer de couleur pour avertir son propriétaire d’un danger imminent.
Renaissance et Âge des Lumières : évolution des perceptions
À la Renaissance, l’intérêt pour le rubis augmente avec le développement du commerce international et l’exploration de nouvelles routes commerciales. Les joailliers européens commencent à créer des pièces plus élaborées, combinant rubis et autres pierres précieuses dans des designs sophistiqués.
L’Âge des Lumières a vu l’émergence d’une approche plus scientifique de la gemmologie. Les premières tentatives de classification systématique des pierres précieuses ont permis de mieux comprendre la nature du rubis et de le distinguer d’autres pierres rouges comme le spinelle ou le grenat.
Ère moderne : valorisation et techniques avancées
L’avènement de techniques d’analyse plus précises au XXe siècle a permis une meilleure compréhension de la composition et de la formation des rubis. La gemmologie moderne a développé des méthodes qui prennent en compte la couleur, la clarté et la taille du rubis pour évaluer sa qualité.
En joaillerie, les techniques de taille et de sertissage développées permettent de mettre en valeur la beauté naturelle du rubis.
Les rubis célèbres et leur valeur
Parmi les rubis les plus célèbres, on trouve des spécimens d’une beauté et d’une valeur incomparables :
- Le rubis Sunrise : Ce rubis birman « sang de pigeon » de 25,59 carats a été adjugé aux enchères en 2015 pour la somme record de 30 millions de dollars.
- Le rubis Edward : Pesant 167 carats, il est l’un des plus gros rubis taillés au monde.
- Le rubis Rosser Reeves : Originaire du Sri Lanka, cette pierre de 138,7 carats présente un phénomène d’astérisme (étoile à six branches).
- L’Étoile de Minuit : Avec ses 116,75 carats, ce rubis birman est réputé pour sa couleur intense et sa pureté exceptionnelle.
Le rubis en joaillerie : valeur et popularité
La valeur d’un rubis dépend de plusieurs critères tels que sa taille, sa couleur, sa pureté et son origine. Plus un rubis est gros, plus il est rare et donc précieux. Les rubis de plus de 5 carats sont considérés comme exceptionnels. La teinte la plus recherchée est le rouge vif intense, dit « sang de pigeon ». Les nuances plus claires ou tirant vers le rose sont généralement moins valorisées. Les rubis sans inclusions visibles à l’œil nu sont extrêmement rares. Cependant, certaines inclusions peuvent augmenter la valeur de la pierre si elles forment des motifs esthétiques. Enfin, les rubis birmans de la vallée de Mogok sont particulièrement prisés pour leur couleur exceptionnelle.
Malgré la concurrence des rubis synthétiques, la demande pour les rubis naturels reste soutenue en raison de la valeur symbolique et émotionnelle du rubis naturel. Les pierres précieuses sont aussi des investissements alternatifs intéressants pour les particuliers, qui peuvent notamment se parer de bijoux vintage et Art Déco et en tirer des bénéfices en cas de revente.